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Secrets et coulisses d'une vie d'officiante de cérémonie

  • Photo du rédacteur: Lisa Herrbach
    Lisa Herrbach
  • 14 mars
  • 8 min de lecture

On me demande souvent comment ça se passe entre la toute première rencontre et la cérémonie le jour J. C'est difficile de répondre brièvement à cette question et en même temps, il serait impossible de tout raconter dans les moindres détails. Je vais essayer de faire quelque chose qui se situerait entre les deux. Mais je vous le dis comme c'est, je crois bien que cet article sera le plus long jamais publié sur ce blog.


Alors, prenez le temps de vous préparer un café ou un thé et installez-vous confortablement...

C'est parti, je vous emmène dans les coulisses de ma vie d'officiante !



Là où l'histoire commence...


Le tout premier contact se fait souvent par mail ou par téléphone après que les futurs mariés aient parcouru les pages de mon site Internet.

Parfois, cela fait suite à une recommandation d’amis ou parce qu’ils m’ont vue en cérémonie.

Dès lors, je crois qu’une sorte de sélection naturelle se fait.


Choisir un officiant, c’est comme choisir un photographe, on aime son style ou bien on ne s’y retrouve pas. Et les deux cas de figure sont ok pour moi.

Il est primordial pour les futurs mariés de faire un choix de cœur, le résultat d’une sorte de feeling qui ne s’explique pas.


Bien sûr, à ce ressenti s’ajoutent des critères tels que la disponibilité et le tarif qui sont aussi des éléments importants dont il faut pouvoir parler ouvertement et sans détour. C’est pourquoi j’ai toujours fait le choix de les rendre consultables en ligne.



Le bon délai pour concevoir une cérémonie


Le jour de la cérémonie vient souvent conclure plusieurs mois, voire un à deux ans de rencontres... mais parfois moins, beaucoup moins.


Le plus court délai que j’ai eu entre la première rencontre et la cérémonie, c’est trois semaines. Un couple m’avait appelée à la rescousse quand la première personne à qui ils avaient confié la célébration de leur mariage était aux abonnés absents.


Quand ces mariés m’ont contactée par écrit trois semaines avant leur grand jour pour convenir d’un appel téléphonique, je me suis très sincèrement dit que j’allais décliner.


Trois semaines pour parcourir leur histoire, leurs personnalités et leurs attentes, ça me semblait bien trop court. J’aime avoir le temps de longs entretiens et de plein de petits échanges qui vont me permettre de découvrir petit à petit les futurs mariés.


Pourtant, quand la future mariée m’a appelée, j’ai tout de suite été happée.

Son projet de cérémonie laïque était déjà bien avancé. Et le feeling est de suite passé. Parce que ce feeling, il doit être réciproque. Il doit y avoir cette petite étincelle entre le couple et l’officiant pour que ça marche.


Lors de cette première discussion, pas très longue, nous avons de suite abordé des points qui, je le savais, auraient une importance cruciale pendant la cérémonie et trouveraient leur place parmi les mots que je coucherai sur le papier.


Le premier truc qui a fait tilt, c’est quand elle m’a parlé du lieu qu’ils avaient choisi pour leur mariage. On ne peut pas dire que techniquement il était idéal, bien au contraire même. Il s’agissait d’un pré, tout près de chez eux, où nous n’aurions ni électricité ni solution de repli en cas de mauvais temps.

Mais cet endroit était cher à leurs cœurs, il avait une histoire dans leur histoire et il offrait un magnifique point de vue sur la vallée de Thann en contrebas.


C’était déjà trop tard, je savais que je n’arriverais plus à dire non, j’avais trop envie d’écrire leur histoire et d’animer leur cérémonie !



Etre à l'écoute de ses intuitions


Il y a des moments qui reste gravés dans ma mémoire, parfois des moments tout simples, mais intenses, sincères, authentiques.


Je repense à ce premier mail que j’avais reçu d’une future mariée. Elle me parle de la date de la cérémonie, me pose quelques questions. Nous convenons d’un rendez-vous pour nous rencontrer à la terrasse d’un café à Colmar.


Elles n'avaient aucune expérience des cérémonies laïques, n'en avaient jamais vues et se disaient prêtes à se laisser guider. Nous avons passé un délicieux moment toutes les trois et sur le chemin du retour, j’ai écrit un message à un ami : « je viens de rencontrer un couple de nanas formidables, j’espère que j’aurai la chance de faire leur cérémonie. »


J’ai été très heureuse quand elles m’ont rappelée pour me dire que l’on continuerait l’aventure ensemble.

Plutôt réservées au début, elles se sont ouvertes peu à peu et ont même fini par être carrément force de propositions.

Qu’est-ce que j’ai adoré leur arrivée à bicyclettes à la cérémonie !



Un lien singulier entre le couple et l'officiant


Il se passe souvent un truc, un petit quelque chose lors de ces rencontres. Parfois drôle, parfois touchant. Je me souviens du très grand chien d’un couple qui avait décidé de grignoter mes chaussettes à chaque fois que je venais chez eux !


Un soir, nous nous étions retrouvés tous les trois autour d’un verre, en terrasse, au centre-ville de Sélestat. Il y avait entre eux et moi une fluidité, une évidence. Ce soir-là, en rentrant, je me suis dit : « ils sont épatants ces deux-là quand même ». Puis, le jour de leur cérémonie, j’ai repensé à cette soirée d’été quand je leur ai dit les yeux dans les yeux qu'ils étaient drôles, touchants, attachants. Je le pensais sincèrement.


Parce qu’il y a ça aussi avec les mariés, le regard. Il y a peu de gens que l’on peut regarder comme ça, dans le fond de l'âme. Au fil du temps se construit une proximité qui me permet de partager cette intimité avec eux. Je ne vous cache pas que ça ne se fait pas toujours sans émotion et sans trémolo dans la voix le moment venu. Mais c’est bien là l’idée : leur exprimer aussi ce jour-là des choses que je ne leur ai encore jamais dites.



Une page blanche pleine de surprises


Au tout début donc il y a un couple et un officiant qui se choisissent.

Et à partir de là, tout est possible.


Nous voilà devant une page blanche sur laquelle nous allons écrire à 6 mains au moins, car bien souvent les confidences des proches sont aussi d’un grand soutien. A ce moment de l’histoire, ni eux ni moi ne savons ce qu’il adviendra de la suite ni à quoi ressemblera la cérémonie. Ca peut paraître vertigineux annoncé comme ça, mais j’aime aussi le leur dire et leur en faire prendre conscience. Car tout est possible et nous pouvons dès lors laisser aller notre imagination où bon nous semblera. Quitte à se dire par la suite, ok là il faut faire des choix, renoncer ou adapter certaines choses. Mais c’est comme pour n’importe quelle création : on laisse venir et après seulement on fera le tri si besoin.


Savoir écouter les silences


Certains mariés m’annoncent tout de suite la couleur : « vous savez, nous, on n’est pas trop du genre à se confier. » Ils dressent ces mots comme une barricade, une mise en garde. Puis, nous discutons. Au-delà des mots, il y a les gestes, les attitudes, la façon dont ils s’adressent à moi et à leur moitié, il y a ce qu’ils disent de leur travail ou de cette maison qu’ils ont retapé de leurs mains, ou encore la façon dont ils surveillent leurs enfants du coin de l’œil pendant nos entretiens… Tous ces petits détails, et même leurs silences pour les moins bavards, en disent long sur eux.


Comme dans un jeu de piste, je pars à la pêche aux infos, aux indices. J’écoute, je note. Il n’est pas rare que sur la route du retour je m’arrête pour griffonner une idée. Des fois, ça décante avant de se révéler à mon esprit, en sortant le chien, sous la douche ou en cuisinant. J’adore ces moments où une idée vient cogner subitement contre ma boîte crânienne. Alors je l’écoute, je l’écris noir sur blanc pour être sûre de ne pas l’oublier, puis souvent j’y reviens, je la creuse et je la peaufine.



Certaines choses se disent avec des mots,

d’autres se lisent entre les lignes


Je ne dis pas tout en cérémonie, d’abord parce que ce serait trop long et parce que tout ne se prête pas à être livré publiquement, mais chaque petite subtilité propre à la vie d’un couple vient d’une façon ou d’une autre tinter les mots, le ton, l’ambiance de la cérémonie.

Et puis, il y a tous ces petits échanges qui sont là et qui n’ont rien à voir avec la cérémonie : un sport dont on a parlé, une aurore boréale tant attendue, le premier anniversaire du petit dernier…

Pendant un an, les futurs mariés font partie de ma vie aussi !



Déroulement de la cérémonie : entrée et sortie des mariés, rituel, vœux...


Au cours de ce temps de préparation de la cérémonie, nous discutons aussi très concrètement de l’entrée des mariés, du rituel, de la lecture (et de l’écriture !) des vœux, des musiques, des interventions de proches, nous visitons le lieu ensemble, nous imaginons la disposition de l’espace cérémonie…

A travers tous ces détails pratiques, je perçois aussi peu à peu qui sont les futurs mariés qui me font face.


Moi aussi je me laisse surprendre.

Je pars d’une page blanche, toute blanche, sur laquelle je vais d’abord noter des informations, parfois très factuelles, que j’ai recueillies auprès des mariés ou de leurs proches. Puis peu à peu, les mots s’habillent de poésie, les transitions m’apparaissent comme des évidences. Parfois aussi il faut recommencer parce que les mariés ont changé d’avis. C’est tout ce chemin de construction qui va nous mener au jour J et à la magie qui va opérer, presque malgré nous.



Le grand final


Je ne suis pas suffisamment objective, bien sûr, pour vous dire ce qui fait de moi l’officiante que je suis, mais je peux vous dire ce qui revient à mes oreilles :


  • la voix est un élément qui revient souvent de la part des invités, douce et que l’on a envie d’écouter paraît-il (c’est sûr que ce n’est pas moi qui vous dirais ça, chacun sait combien il peut être difficile d’entendre sa propre voix) ;

  • le sourire aussi qui est toujours présent et qui manifeste le plaisir que j’ai à partager ce moment avec les mariés et leurs proches ;

  • la précision du texte auquel j’accorde une importance majeure. La rédaction est une partie qui me plaît beaucoup dans mon métier, tout comme les rencontres avec les mariés et cette occasion fabuleuse de faire plaisir le jour J.


Au fur et à mesure, la page blanche se noircit.

Et un beau jour, je me recule et je me dis : « tiens, le premier jet est déjà écrit. »

Ensuite, je peaufine, je retouche, j’enlève, je change, je rajoute…

Parfois je pleure sur ma copie… c’est souvent le signe que nous approchons du but.

Et puis les émotions que je traverse, seule, pendant la préparation de la cérémonie, seront plus faciles à gérer une fois derrière le pupitre. Elles seront toujours là, tapies au fond de moi, mais je les contrôlerai juste ce qu’il faut.


Et puis vient le grand jour.

Ce jour où j’arrive avant tout le monde sur place. Ce lieu dont je m’imprègne. Ces proches que je retrouve ou que je rencontre pour la première fois. Et c’est le grand saut.

Je sais mieux que quiconque que ce moment passera trop vite. Alors j’essaie d’en savourer et d’en retenir chaque minute, mais elles s’envolent avant que je ne parvienne à les emprisonner.


J’admire les amis, les témoins, la famille qui prennent la parole au micro, bravant le trac qui enserre leur gorge. Je vois les yeux des mariés s’embuer. Je vois les anciens s’émouvoir. Je vois les plus sceptiques se laisser cueillir. Je vois la magie de l’instant. Et ce que je préfère par-dessus tout, c’est le câlin de certains mariés une fois le micro posé.


Et puis, l’instant d’après, les mariés sont happés par le vin d’honneur, leurs invités, les photos de groupe et les verres levés à la santé des amoureux !

Une coupe à la main, les invités viennent se confier. J’adore écouter ce que cette cérémonie est venue bouleverser en eux.

Puis, je me mets un peu de côté, je les observe, je les trouve beaux, tous.


Et je repars, je les laisse profiter de la soirée et prolonger l’ivresse de cette parenthèse dans le temps.


D’un coup, tout s’arrête. La cérémonie est derrière nous. Mais c’est remplie d’une immense énergie que je reprends la route.



Et je me demande comment,

partant d’une page blanche,

toute blanche,

nous en sommes arrivés là.


Photo : owgee90

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